•         Ici, quand vous avez l'occasion d'aller acheter quelque chose dans une ´´pulperia´´ (= quelque chose entre les épiceries de village des années 60 et les magasins multiservices de nos bourgs abandonnés), ne manquez pas de jeter un coup d'oeil à la liste des ´´morosos´´ affichée près de la caisse : ce sont toutes les personnes qui doivent de l'argent au maître des lieux et, croyez-moi, cela les incite à payer leurs dettes au plus vite... S'il est vrai que la méthode ne brille pas par son tact, on ne peut lui reprocher son manque d'efficacité !       
        Au cours de vos pérégrinations dans les villes costaricaines, vous ne pouvez les rater : ce sont les vendeurs de loterie ; ici, ils constituent carrément une institution nationale. Ils vont par les rues en criant d'une voix travaillée par l'expérience : ´´Le numéro de la chance, c' est moi qui l'ai ! quelqu'un le veut ?" et leurs feuilles de billets s'agitent au vent sous le nez des passants ; d'autres préfèrent poser leur petit étal au soleil dans une rue commerçante. C'est le 13 novembre 1845 que le gouvernement costaricain créa cette loterie pour soutenir le développement de l'hôpital San Juan de Dios (San Jose) puis la construction du premier centre psychiatrique du pays sous l'impulsion du Dr Carlos Duran, de retour d'Europe où il avait fait ses études. Cette initiative financière de l'Etat eut tellement de succès que le système perdure encore aujourd'hui, et toujours avec le même idéal (ce qui est plus rare !) : venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin ; en effet, la loterie costaricaine sert à subventionner les hôpitaux et les cliniques publics ; elle aide aussi les mqisons de retraite, les orphelinats et tout lieu qui porte secours. Son rôle social ne s'arrête pas là : ses vendeurs de billets sont recutés en majorité, après une enquête de "moralité", parmi les couches les plus défavorisées de la société (handicapés, chomeurs, travailleurs précaires, retraités) et ils sont très contrôlés pour éviter les "tentations". Vraiment beaucoup de gens achètent des tickets de loterie : pour gagner bien sûr ! mais aussi, quand ils ne croient guère à la chance, parce qu'ils savent que l'argent est généralement bien employé ; et ils peuvent le faire souvent : il y a des tirages les mardis, vendredis et dimanches. En ce moment l'excitation monte parce que, dans moins de dix jours, c'est le tirage du "Gordo" (le gros lot de Noël) et j'en connais une qui l'attend avec impatience : elle compte dessus pour nous payer le voyage au Machu Pichu !          
        Nous revenons d'une excursion un peu spéciale à Golfito, dans le sud-est du pays. Pendant cinquante ans, ce fut le quartier général de la United Fruit américaine qui exploitait les bananeraies costaricaines ; elle exploitait aussi les travailleurs : tenus d'acheter ce dont ils avaient besoin au magasin de l'entreprise, ils devaient aussi habiter dans des barraquements appartenant à la United Fruit (pratique pour les avoir toujours à portée de main !). Aux alentours des années 70, les sols, épuisés par la monoculture, ont commencé à moins produire... En 1984, le gouvernement costaricain fit voter des lois instaurant des garanties sociales pour les gens qui travaillaient dans toutes les entreprises du pays ; plutôt que les payer, la multinationale US préféra abandonner ses installations et partit exploiter la Jamaïque, laissant derrière elle des milliers de gens sans emploi ! Pour relancer l'activité économique de la région, le gouvernement décide, en 1990, de créer à Golfito une zone fermée de commerce libre dans laquelle ni les entreprises qui importent, ni les acheteurs (ticos ou étrangers) ne payent d'impôts. Vous devez arriver sur place le jour précédant vos achats (le but de la manoeuvre est de procurer une source de revenus à tous les hôtels, restaurants, propriétaires de "cabinas") pour demander à la douane votre "carte d'autorisation d'achat" : elle est gratuite et ne nécessite généralement qu'un quart d'heure de file d'attente ; elle vous permet d'acheter jusqu'à 1000 $ de produits par semestre ; pour le gros électroménager uniquement, il faut attendre jusqu'à 3 ans entre deux achats du même type de produit. Dans l'enceinte de la zone sont réunis environ 40 magasins vendant cosmétiques, alcool, électroménager, accessoires auto, vêtements, jouets, etc... De tout le pays arrivent des bus pleins de touristes d'un genre un peu particulier : le but unique de leur excursion est de sacrifier à leur fièvre acheteuse ! il est vrai qu'ici les prix sont de 35 à 50% moins élevés que dans la capitale. Qui vient acheter ? en très grande majorité, la classe moyenne au sens large : les plus pauvres (25% de la population) n'en ont pas les moyens, les plus riches (15%) ne veulent pas s'embêter à "perdre" 2 jours ou à faire 10h de route. Comme cela est mentionné sur la carte remise par la douane au début du processus, on ne peut acheter que pour son usage personnel : je me demande alors combien d'années vont mettre les petits malins pour boire toutes les caisses de whisky que je leur ai vu entasser sur leur chariot ?! Autres "débrouillardises" : si vous avez acheté pour moins de 1000 $ (le maximum autorisé), vous pouvez "revendre" au plus offrant les droits qui vous restent ; placés en embuscade, les jeunes du coin repèrent du premier coup d'oeil ceux qui viennent pour la première fois, ceux qui sont un peu perdus parmi les démarches à effectuer : ils leur proposent de l' aide contre un pourboire... qui se transforme vite en rémunération non négociable. Malgré ces quelques dérives, la zone franche de Golfito est un succès incontestable : l'Etat costaricain a su intervenir judicieusement pour relancer l'activité économique de la région ; de plus, depuis quelques années, celle-ci s'est diversifiée (pour ne pas reproduire l'erreur de la monoculture bananière) par le développement d'un tourisme raisonnable : accès contrôlé à son plus grand Parc naturel (le Corcovado), capacité hôtelière délimitée, présence maintenue d'animaux rares et/ou dangereux (jaguars, ocelots, tapirs de Baird, pécaris, crocodiles, fourmis légionnaires, serpents "fer de lance",...). Il ne manque plus que vous !
    P.S.1       J' ai enfin trouvé une plate-forme qui me convient pour mettre mes videos concernant le Costa Rica ; voici l' adresse que vous devez taper pour les voir :
     
    P.S.2        Vous vous souvenez bien sûr de l'adresse qu'il faut taper pour aller visiter le blog... Je vous la remets au cas où !
    http://lajtdubokl.eklablog.fr
     
     
          et celle pour voir la cinquantaine de photos que Mayela a mise ?
    http://www.flickr.com/photos/70228964@N04/

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  •        L’Amerlock qui s’est permis d’interpréter les écrits mayas s’est planté : les entrailles de la Terre ne se sont pas ouvertes sous nos pieds, nulle comète surgie du fin fonds de l’Univers ne nous a percutés et Sarkozy est resté quasi muet sur l’avenir de la planète… nous voilà donc, quelle chance ! repartis pour une nouvelle année.

     

            Que souhaiter au Monde ? à dire vrai, je n’en sais foutre rien ! la moitié va continuer à s’empiffrer en organisant des concours d’obèses pendant que l’autre va crever la dalle ; la moitié n’aura d’autre but que s’entretuer au nom d’un dieu invisible et muet avec les armes fournies par la partie la plus criminellement civilisée ; les duellistes "Fillon-Copé " ne cesseront de s’envoyer leurs boules puantes quotidiennes malgré tous mes appels au calme (Vous n’en avez pas eu vent ? pour une fois, j’ai essayé de faire dans la discrétion) !

     

           Par contre, à vous que je crois assez bien connaître, je souhaite en toutes occasions de ne pas en rester aux idées convenues (qui nous tentent tous plus souvent qu’à notre tour), de préférer l’humanité solidaire à la "réalité économique" (des injustices, économiques justement, chaque fois plus proches de nous devraient nous en convaincre), de trouver des raisons d’espérer plutôt que chercher des motifs de se taper sur la gueule. Bonne chance !

     

           Prendre un coup de soleil le 31 Décembre, vous trouvez ça original ? ma peau vous dirait seulement qu’elle en garde le souvenir cuisant. Et pourtant la journée avait plutôt bien commencé : nous trouvant à Esterillos, sur la côte Pacifique, j’avais décidé d’aller tôt prendre un bain zen dans ma piscine volcanique privée (Ceux qui ne pigent rien à ce que je suis en train de jacter peuvent aller jeter un œil aux archives de Février 2011). A 8h, sur cette plage, il n’y a pas grand’monde : l’inévitable petit gros qui souffle comme un bœuf en faisant son footing, la maman babacool (tendance Laurence L, pour ceux qui connaissent le spécimen) jouant dans le sable mouillé avec toute sa petite famille "parce que c’est bon pour la santé ", enfin le gars "qui n’est pas d’ici", passablement ridicule dans son short mode trop grand d’où sortent deux gambettes inhabituellement blanches sous ces latitudes. Me voilà donc faisant la planche dans une eau fraîchement sortie de la nuit ; mon champ de vision empli par le ciel, de l’eau dans les oreilles, je devine les sons plus que je ne les entends ; le soleil n’est pas très haut sur l’horizon, il ne doit pas encore faire très chaud. Le temps s’écoule tranquillement. Je rêve. Quand je sors de l’eau un peu avant 10h, je me dis simplement qu’il est temps de rentrer car je n’ai pas apporté de crème solaire. Vers midi, Mayela me regarde bizarrement : "Toi, tu as attrapé un bon coup de soleil ! ". Morale de l’histoire :

    « Si tu vas à Esterillos,

    n’oublie pas ta crème solaire,

    même le matin très tôt,

    même au fond de la mer ».

            Au fait, vous, c’est peut-être sur les pistes de ski enneigées que vous avez pris votre coup de soleil…

            En fin d’année, ici, un des sujets principaux de conversation est "l’aguinaldo", c’est-à-dire le 13è mois. Il est payé à toutes les personnes qui reçoivent un salaire, qu’elles soient dans le public ou le privé, mais aussi, originalité ! aux retraités, aux femmes et aux enfants qui touchent une pension alimentaire, aux personnes qui perçoivent une aide de l’Etat (handicapés, par exemple) ; de fait, les seuls non concernés sont les artisans travaillant à leur compte, les professions libérales non organisées en cabinet. Si votre patron fait des difficultés pour vous payer ce qu’il vous doit (entre le 1er et le 20 Décembre), vous pouvez le dénoncer au Ministère du travail qui n’a pas l’habitude de plaisanter avec le sujet. A la même période, les banques expliquent aux gens, dans des spots télévisés, comment doit être calculé leur aguinaldo et comment le gérer. Pour ceux qui ne goûtent guère la foule des grands jours dans les magasins, mieux vaut s’y prendre avant Décembre pour leurs cadeaux de Noël, sinon c’est la cohue assurée ! Autre originalité concernant les salaires costaricains : l’épargne scolaire. De Mars à Janvier de l’année suivante, chaque mois une petite partie du salaire de toute personne qui travaille est versée sur un compte spécial de l'Etat (Cette somme correspond grosso modo à l'augmentation salariale prévue pour l'année suivante) ; l'argent épargné est versé début Février pour acheter vêtements et matériel scolaire. En cas de divorce, le parent qui n’a pas la charge des enfants doit reverser son épargne scolaire à son ex-conjoint. Bien que très paternaliste, cette loi a été bénéfique : l'Etat utilise l’argent économisé comme trésorerie (pour mettre de l'huile dans les rouages) et les parents, en fin de compte, ont tous les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école. C’est ainsi que le petit Costa Rica peut s’enorgueillir d’avoir un niveau scolaire comparable au nôtre, ce n’est pas si fréquent dans la région !

           Si on reste au niveau de l’éducatif, du "vivre ensemble", une façon de se comporter qui devient majoritaire ici m’avait fortement surpris quand j’ai commencé à vivre avec Mayela. Lorsque nous nous trouvions dans une administration et que l’employé s’activait pour faciliter nos démarches, si la serveuse au restaurant se montrait efficace et discrète, quand la vendeuse du supermarché nous trouvait en un clin d’œil le produit que nous cherchions depuis des plombes, Mayela leur demandait toujours leur prénom et poursuivait la conversation en l’utilisant à maintes reprises. Comme je lui faisais remarquer que pour ma mentalité d’Européen cela paraissait trop familier, elle m’expliqua que cette habitude de plus en plus répandue au Costa Rica avait pour but de montrer à ces personnes (que généralement on ne « voit » pas, malgré leur présence indispensable) qu’elles étaient quelqu’un et remplissaient leur rôle de façon tout à fait satisfaisante ; on fait alors précéder le prénom par "Don" ou "Dona". Dans le cas contraire (vous tombez sur une serveuse revêche ou un employé qui n’a pas envie de se remuer le popotin), alors là vous pourrez l’appeler par son nom précédé d’un sonore "Señor" ou "Señora" : à la seconde même, la personne aura tout compris. Cette utilisation sympathique du prénom n’est pas à confondre avec les "mi amor", "mi rey", "mi reina", sans parler des "papi", "mami" et "mamita" que débitent à longueur de phrases, et de manière déplacée, les vendeurs de loterie, les mécaniciens et autres plombiers… et qui agacent de plus en plus de gens ici. A bon entendeur, salut !


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