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DEMOCRATIE, TAMALES ET FÊTE DES LUMIERES.
Vous pouvez écouter une chanson costaricaine
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"Exilé volontaire"Bonjour à Tous !
Je me fais du souci pour vous ... avec toute cette neige ! et ce vent qui vous glace le sang, sans parler de la course aux cadeaux qu'il faut faire dans la cohue : tous ces gens qui y pensent au dernier moment !
Au fait, quoi de neuf sous les Tropiques ? eh bien, on prépare aussi Noël, d'autant plus que le Costa Rica est un pays très catho et très famille : on y vend des sapins de Noël, on y fait des crèches, comme chez nous. Sauf que la spécialité locale pour le repas n'est pas la dinde aux marrons mais le "tamal": dans un morceau de feuille de bananier, on place de la farine de maïs, du riz, de la viande de porc, des rondelles de carottes, des haricots verts, des petits pois ; chacun ayant suivi une préparation appropriée, on ficelle le tout et on le met à mijoter pendant une heure. Ce n'est pas mauvais, mais j'ai trouvé un peu envahissante l'odeur de la feuille de bananier ; heureusement, on peut le manger avec une "escabeche" (salade relevée de piments doux, de choux râpés) qui masque un peu ladite odeur. Ce qui est intéressant avec le tamal c'est que c'est un plat long à préparer mais simple : on attribue à chaque membre de la famille (du plus petit jusqu'à la grand-mère) une partie du travail en fonction de ses capacités, et c'est parti pour 5h de travail à la chaîne, sans rouspétance, au milieu des histoires drôles, des rires et des chansons.
Comme prévu, la période des pluies diluviennes est finie, remplacée par celle des vents : ils viennent des Etats-Unis (qui ont eu, eux aussi, fort à faire avec la neige ces temps-ci). Réchauffés par leur passage au Mexique, ils nous arrivent entre 15 et 20 degrés, ce qui représente la froidure pour les gens d'ici. Par contre, ils ne semblent pas avoir perdu de leur force : en deux nuits, ils ont déraciné 7 bananiers dans la petite propriété de Mayela. Dare-dare, il faut alors les découper en tronçons pour pouvoir les dégager avant qu'ils n'écrasent de leur poids les arbres plus petits qui poussent en-dessous.
Le jardin commencé prend forme... mais de façon un peu bizarre pour un européen : ici, les bestioles sont chez elles quasi partout (aussi bien les poules du voisin que les écureuils dans les arbres devant la maison), ce qui veut dire qu'il faut tout protéger de leur voracité. Autre élément dont il faut tenir compte : on jette peu, on récupère tout ce que l'on peut ; il fallait faire une enceinte pour protéger les futures récoltes : on a donc récupéré de vieilles portes métalliques, des poteaux, du grillage. En même temps que les légumes, on va planter à l'extérieur de l'enceinte des fleurs grimpantes qui vont peu à peu camoufler la structure initiale, attirer abeilles et papillons pollinisateurs et préserver des trop fortes chaleurs les plantes en-dessous.
A la différence de beaucoup de pays d'Amérique centrale, le Costa Rica met fièrement en avant (à la télé, dans les journaux et sur des panneaux publicitaires) sa gestion démocratique de la vie publique : la pluralité des partis existe (de l'extrême droite à la gauche radicale) ; président et députés sont élus après des campagnes électorales "fortes en gueule" mais pacifiques ; à ce propos, je vous précise que, eux, ils ont été capables d'élire une femme à la tête de leur pays en Février dernier (elle s'appelle Laura ... Chinchilla). Le 5 Décembre passé, ils ont élu leurs maires (cela ne fait qu'une dizaine d'années que les élections municipales existent ; avant, c'étaient des gestionnaires nommés par le pouvoir central) ; j'ai pu constater que ça se passait comme chez nous (plusieurs listes en présence, contrôle de l'identité, passage dans un isoloir).
J'ai visité le Musée national : bien sûr, on vous y raconte comment la région s'est peuplée (avec des groupes d'hommes venus d'Asie par le ... détroit de Berhing !), comment elle a été colonisée (presque 20 ans après la découverte des Amériques) et comment elle a su mettre en valeur ses terres fertiles (Costa Rica = côte riche, en espagnol) en cultivant café, ananas, canne à sucre et bananes ; mais on y montre aussi comment le pays a su accueillir (ou amener de force, du temps de l'esclavage) la grande diversité de gens qui le compose : africains, jamaïcains, espagnols bien sûr, latinos, mais aussi allemands, chinois et quelques français ; à ce propos, une salle du musée est éloquente : on l'aperçoit, un peu quelconque au fond d'un couloir ; on a plutôt l'impression que c'est une grande photo, représentant une foule, collée contre le mur, mais quand on s'approche on voit qu'il s'agit de personnes d'origines très diverses, photographiées individuellement, présentées en taille réelle et disposées en V de telle façon qu'on a l'impression d'être accueilli par eux au fur et à mesure qu'on s' avance ; en regardant bien, on constate qu'elles sont de toutes les époques. Aujourd'hui, dans les grandes villes, en déambulant dans les rues, on perçoit bien cet extraordinaire mélange de couleurs : avant d'arriver dans le pays, je pensais qu'ils étaient tous, plus ou moins, café au lait ; erreur ! les blancs de blanc, les roux et les blonds font aussi partie du paysage.
Parmi tous ses parcs nationaux et réserves (1/3 de la surface du pays), le Costa Rica en a créé un plus particulier que les autres : c'est celui de l'Institut National de la Biodiversité (INBIO) ; en effet, en un seul endroit (à 30 kms seulement de la capitale) on a reconstitué les 4 principaux types de végétation du pays (forêt tropicale humide, sèche, savane et zone lagunaire) avec les animaux principaux qui les habitent : j'ai notamment pu voir mes premiers paresseux (pas facile de les distinguer dans le feuillage à 20 m de haut) et morphos (énormes papillons bleu turquoise en vol et marron anonyme posés au sol) ainsi que des venados (entre nos chevreuils et nos biches). L'endroit qui m'a semblé le plus impressionnant est le mariposario : on y voit voler une vingtaine de sortes de papillons, de couleurs et de tailles différentes au milieu de leurs fleurs préférées.
Parmi ses amis, Mayela compte un nombre assez important de gays (dont je ne vous dirai rien, ne les fréquentant pas de près) et de Costaricains parlant un peu français (dont un qui a vécu 15 ans à Paris et une nana fiancée à un Marseillais). J'ai pu constater que la France conserve une certaine aura ici : leur Constitution est inspirée de la nôtre ; leur Seguro social ressemble à notre Sécu, sans le "trou" ; leur Théâtre national a été importé pierre par pierre de France avant la 2è guerre mondiale ; pratiquement, chaque Costaricain a fait un peu de français durant sa scolarité (mais je dois dire qu'il n'en reste pas grand-chose, à part "Comment allez-vous, mademoiselle ?", vue la pression culturelle exercée par les USA).
Autre similitude avec la France : la fête des Lumières. C'est comparable à notre 8 Décembre, d'ailleurs ça commence à cette date-là ; ça a lieu un peu partout dans le pays mais pas dans toutes les villes en même temps ; c'est illuminé partout ; des chars fleuris défilent au milieu des fanfares, des associations de gymnastique et des clubs de danse ; un feu d'artifice met un point final. Après bien sûr on peu danser dans la rue jusqu'à ce que les musiciens soient fatigués.
Je vous quitte pour aujourd'hui ; il est 6h moins quart ; la nuit tombe sur San Jose avec son ciel de saison : chargé de nuages jusque bas sur l'horizon et, en-dessous, une frange très claire qui résiste encore à la nuit pour quelques instants. En France, vous dormez tous, certainement... Faites de beaux rêves ! je pense bien à vous. Et soyez sages sinon le Père Noël ne vous apportera pas de cadeaux !
Tags : feu d'artifice, tamal, démocratie, musée national, INBIO, Fête des Lumières, France, parcs nationaux, végétation, animaux, diversité, élections, vents
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