• Cette année, c’est le Nicaragua que j’ai choisi pour aller renouveler mon autorisation de séjour touristique au Costa Rica ; souvenez-vous ! je vous ai déjà expliqué que pour rester longtemps dans le pays c’est beaucoup plus simple qu’en Europe : il suffit de sortir trois jours du pays pour pouvoir y séjourner trois mois de plus au retour… Facile ! Vous avez bien compris, maintenant ? C’est la dernière fois que je vous l’explique… 

    Innovation : on y est allés en voiture pour ne pas être tributaires des trajets et horaires de bus ; par contre, cela a allongé les temps de passage à la frontière : la bureaucratie est reine au Nicaragua (il faut prouver qu’on est bien le propriétaire du véhicule et on est obligés de prendre une assurance supplémentaire nicaraguayenne en entrant ; fouille du coffre et des valises en sortant). Petit conseil : des deux côtés de la frontière, des personnes (retraités ou chômeurs) vous proposent leurs services pour passer plus facilement avec votre voiture ; ils savent exactement dans quel ordre faire les démarches et, tels des poissons dans l’eau, vous conduisent de bureau en bureau pour obtenir les tampons salvateurs. Il ne vous en coûte que quelques centaines de colons et une poignée de córdobas : une bricole pour vous, un peu de beurre dans les épinards pour eux.  

     

     

    Notre point de chute au Nicaragua a été le port de San Juan del Sur : à la haute saison, sa plage renommée est envahie par tous ceux qui veulent « rôtir » au soleil… Mais en Février, nous n’étions pas nombreux à avoir choisi cette destination ! En fait, elle ne mérite pas qu’on y reste plus d’un jour ou deux si on ne fait pas d’activités nautiques. 

    Vous pouvez monter jusqu’au Christ dominant la ville, si cela vous intéresse…y monter à pied même (pour faire pénitence ? ) ; reste qu’on est loin de la majesté de celui du Corcovado dans la baie de Rio ! 

    Aller prendre un café à la TOSTALERIA : pourquoi pas ?  En flânant dans le coeur de cette petite ville tranquille, vous ne pouvez qu’être attiré par les effluves s’échappant de cette échoppe où l’on torréfie le café ; l’endroit est très « couleur locale » et accueillant. 

    Embarquer sur un voilier ou un bateau à moteur pour aller voir les baleines ? On aurait bien voulu, mais ce n’était pas la saison… on a seulement appris que l’association ELI-scientific organisait ce type de sortie en mer. 

     

    Granada nous a beaucoup plus impressionnés. C’est une vieille ville plus au nord en direction de Managua, la capitale, avec un centre très beau : maisons coloniales avec patios et fontaines (on en a visité une), façades colorées, petites rues pittoresques.  

    Pérégrinations dans le Nord-Ouest.

    Elle s’est construite au bord du Cocibolca, le grand lac d’eau douce du Nicaragua ; à partir de son port, on est partis faire une balade en bateau entre les îles de Grenade : la plupart sont minuscules (l’ancienne Présidente du pays, Violetta Chamorro, a même construit sa résidence secondaire à cheval sur deux îlots) ; elles appartiennent à des particuliers qui en ont fait un restaurant, un hôtel,… beaucoup sont la propriété d’étrangers. 

    Sa cathédrale vaut le coup d’oeil : un peintre local est en train de réaliser des fresques religieuses de toute beauté sur ses voûtes : l’arche de Noé, Adam et Eve chassés du Paradis terrestre, … le style en est naïf, les couleurs… exubérantes.

    Fresque de la cathédrale de Granada.

    Par un escalier abrupt, on est montés en haut du clocher ; la corde permettant de sonner les cloches est à portée de main, qui vous tente ; n’en faites rien ! il vous en coûterait 500$… 

    Sur la route du retour, de gros 4x4 noirs aux vitres teintées ont doublé tout le monde dans un concert de klaxons : il se dit que cette façon de se comporter sur la route est la marque de l’oligarchie au pouvoir… 

    Rappelons que, durant toute l’année 2018, la population a manifesté contre la dérive autoritaire du gouvernement d’Ortega, que la police et les milices pro-gouvernementales « ont tiré dans le tas » sans états d’âme (325 morts fin 2018…) et que des journalistes qui se hasardaient à couvrir les « évènements » ont été emprisonnés. Mi-2019, on ne peut toujours pas dire que la situation est redevenue « normale ». 

     

     

    SANTA ROSA

     

     

    De retour dans notre paisible Costa Rica, on en a profité pour visiter le Parc National de Santa Rosa qui se trouve à quelques dizaines de kms de la frontière nicaraguayenne. 

    C’est une zone de forêt tropicale, mais sèche, créée dès 1971 et qui s’étend sur 10400 ha. Il y fait très chaud : ne pas négliger de se couvrir (chapeau, casquette, béret, foulard… peu importe ; un pantalon plutôt qu’un short ou un robe, des manches longues ; une bonne couche de crème solaire sur tout ce qui reste exposé) et garder une gourde bien fraiche à portée de main. 

    Pour le pique-nique de la mi-journée, on dispose de tables rustiques sous de grands arbres majestueux ; mais, attention ! ils abritent aussi beaucoup de singes capucins… être vigilant pour ne pas se faire dérober nourriture ou affaires personnelles. 

    Pérégrinations dans le Nord-Ouest.

    Les sentiers sont très bien aménagés : revêtement en graviers tassés (qui ne font pas de bruit quand on marche, c’est important pour l’observation des animaux), presque plats, larges (on peut les utiliser avec un fauteuil pour handicapé) ; des zones avec bancs à dossier ont été disposées tout au long des parcours principaux pour pouvoir se reposer. 

    Près de la partie administrative, ce Parc possède aussi un Centre de Recherche où des étudiants viennent régulièrement se former. On a pu observer dans cette zone une « cola blanca » (sorte de biche à queue blanche) avec ses deux faons, un carpintero (pic-vert), un faisan noir au bec jaune. 

    Sur les sentiers ouverts au public, on a entr’aperçu deux autres « colas blancas », discrètes et silencieuses, une couleuvre lovée dans le creux d’un arbre sec, un faucon, un agouti.

     

    Le Parc Santa Rosa est aussi un lieu de mémoire historique très important pour les Costaricains car il renferme la Casona, vieille ferme fortifiée où se déroula une bataille décisive pour le pays le 20 Mars 1856. 

    Pérégrinations dans le Nord-Ouest.

    Avant de vous la conter, quelques informations sont nécessaires sur le contexte de l’époque : Le Costa Rica n’est indépendant de l’Espagne que depuis une bonne trentaine d’années ; cette indépendance leur a été accordée par une lettre royale, aucun coup de feu n’a été tiré. Le pays, dont l’activité économique est presque exclusivement agricole, vit en paix. Sur sa frontière nord, le Nicaragua, ravagé par des luttes intestines, n’arrive pas à conserver un gouvernement stable. Plus au Nord, aux Etats-Unis, la conquête de l’Ouest n’est pas terminée (la première ligne ferroviaire transcontinentale n’atteindra le Pacifique qu’en 1867) ; pour passer de la côte est à la côte ouest, il est alors plus rapide de descendre, en diligence, jusqu’à l’embouchure du rio San Juan (frontière entre le CR et le Nicaragua), de remonter ce fleuve jusqu’au Cocibolca (= lac Nicaragua), de le traverser, d’aller à cheval jusqu’au port San Juan del Sur sur la côte pacifique pour y prendre un bateau qui remontera jusqu’à la partie ouest des Etats-Unis : autrement dit, toute une épopée pour l’époque ! On imagine déjà élargir le San Juan pour permettre aux gros bateaux de l’emprunter et ainsi simplifier le voyage depuis New-York. Bien sûr,  le contrôle de la zone intéresse les puissances locales ; c’est ainsi que la jeune nation américaine est amenée à soutenir les désirs de conquête d’un aventurier de l’époque nommé William WALKER. Celui-ci arrive au Nicaragua avec 300 mercenaires, soutient l’un des deux camps rivaux et prend le pouvoir en se cachant derrière un homme de paille. 

    Au Costa Rica voisin, on prend conscience du danger : “On est les prochains sur la liste ! se disent-ils”. Aussi, le Président appelle à la mobilisation : 9000 hommes répondent présents ; 2500 prennent aussitôt la route en direction de la frontière nicaraguayenne ; ils n’ont pas d’uniformes militaires, juste leurs vêtements de paysans, couverts de leur chapeau traditionnel à larges bords. Leur armement se résume à des sabres et de simples fusils ; ils récupèrent en route deux petits canons, plus pour faire du bruit… Après plus d’une semaine de marche, le 20 Mars 1856, un millier d’entre eux se heurtent à 300 mercenaires de Walker au lieu-dit Hacienda Santa Rosa. Si on en croit le journal de bord de Rafael MORA, Président en exercice et Commandant en chef de l’”armée” costaricaine, la bataille dure moins de 20 minutes, fait 26 morts et 19 prisonniers du côté “envahisseurs” ; les Ticos, quant à eux, déplorent 19 morts. Les Flibustiers (nom donné aux mercenaires de Walker) rebroussent chemin en débandade, la queue entre les jambes, certainement surpris de la résistance des Costaricains. 

    Pérégrinations dans le Nord-Ouest.

    Toutes proportions gardées, je ne peux m’empêcher de rapprocher cette bataille de Santa Rosa de notre Valmy à nous : un pays qui vient de reprendre en mains sa destinée ; une agression  étrangère qui lui refuse ce droit ; un combat héroïque qui scelle l’unité nationale. 

    Ironie de l’Histoire ? parmi les mercenaires de Walker, on dénombrait quelques Allemands et … Français ; quelle honte ! en espérant qu’ils n’étaient pas les descendants de ceux qui s’écharpèrent près du célèbre moulin… 

    Vous voulez savoir comment se finit l’histoire ? l’affreux Walker reste tapi dans les herbes hautes de l’autre côté de la frontière ; les valeureux Ticos l’apprennent et se remettent en chasse. Leur second affrontement a lieu dans la petite ville de Rivas. Les Flibustiers se sont retranchés dans le Meson, une maison fortifiée mais dont la partie haute est en bois. Les Costaricains se rendent vite compte qu’avec les moyens dont ils disposent il leur sera impossible de pénétrer à l’intérieur. Il faut donc faire sortir ses occupants en incendiant sa structure en bois. Les deux premières tentatives échouent mais la troisième, portée par le soldat Juan Santamaria, provoque l’embrasement du lieu ; il y laissera la vie, deviendra “héros national” et, accessoirement, donnera son nom à l’aéroport principal du CR. Et Walker dans tout ça ? comme bien souvent, le coupable ne traîne pas sur le lieu de ses forfaits… On ne finira par l’arrêter qu’en 1860, au Honduras ; il en était alors à sa quatrième tentative d’invasion de l’Amérique centrale. Les Honduriens le jugèrent illico presto, le collèrent au poteau d’exécution… et on n’en parla plus ! 

     

     

    GEOTHERMIE A LAS HORNILLAS 

     

    Quand on arrive dans le secteur de Las Hornillas, près du volcan Miravalles, on est frappé par le nombre de conduites métalliques de gros diamètre que l’on aperçoit ça et là dans la campagne : la zone est sujette à une intense activité volcanique ; on capte donc la chaleur disponible pour produire de la vapeur qui fait tourner des turbines électriques. 

    Las Hornillas est une ancienne finca qui avait mauvaise réputation : ses vaches faisaient pâle figure et leur lait ne sentait pas bon. Il existait quelques raisons à cela : la plus grande partie de ses prés se trouvaient dans le cratère d’un ancien volcan ; d’ailleurs, il suffisait d’être un peu attentif pour percevoir le clapotis de l’eau en train de chauffer quelque part ou voir fuser une fumée soudaine ; et puis surtout, depuis toujours, une odeur de souffre avait imprégné toute vie. Aussi, quand se présenta un acheteur pour sa finca, le propriétaire ne se le fit pas dire deux fois : il vendit le tout pour une bouchée de pain. 

    En fait, l’acheteur avait un projet bien différent : adieu, veaux, vaches, cochons, couvées ! Et bienvenue aux touristes… La couche superficielle du cratère a été enlevée pour laisser apparaître tous les endroits où clapotent les boues et où surgissent vapeurs et fumées ; un parcours a été créé passant au plus près des manifestations volcaniques sans que la sécurité du visiteur ne soit mise en danger. 

    Arrivé à la fin du parcours, vous pouvez vous enduire de boue de la tête aux pieds pour, parait-il, donner à votre épiderme une nouvelle jeunesse. En ce qui me concerne, quand j’ai découvert ma douce moitié ainsi parée, j’ai plutôt cru plonger dans un documentaire sur les rites guerriers des tribus amazoniennes...

    A la suite de cette séquence « boueuse », il vous reste, après une douche énergique et soigneuse, à vous plonger dans trois piscines de températures différentes : chaude, tiède, froide enfin, pour retrouver un aspect “présentable”. 

    Ceux que l’odeur de soufre et la vue de boues rebutent peuvent toujours trouver leur bonheur dans la forêt alentour : les sentiers bien tracés vous conduiront jusqu’à des ponts suspendus vertigineux que vous traverserez en toute sécurité ; la récompense est au bout du parcours : baignade dans l’eau fraîche de la cascade Escondida.   

     

     

    CATAMARAN SUR LE LAC ARENAL 

     

    Ce lac artificiel a été créé dans les années 60 et est la plus grande source d’électricité d’origine hydraulique du CR. Sur sa partie ouest, du côté de Tilaran, une entreprise du nom de Toucan Arenal organise des sorties sur le lac à partir de Puerto San Luis. Le bateau est un catamaran à moteur avec deux toboggans à partir desquels on peut plonger ; Il fait une étape au village Nuevo Arenal avant de passer près d’une île minuscule (qui était le sommet d’un colline avant que ne se crée le lac) pour enfin jeter l’ancre près de la rive où on nous sert le repas de midi préparé sur le bateau même. Pendant le retour, on peut lézarder sur le pont pour faire bronzette. En résumé, une journée qui n’a rien d’éreintante ! 

     

    INFOS PRATIQUES

    concernant chaque LIEU. 

     

    Las Hornillas : 400m au Sud et 2 kms à l'Est de la Centrale géothermique Miravalles. Fortuna de Bagaces, Guanacaste.

    Téléphone : 2100-1233, 2673-0918, 8839-9769. 

    manvolcano@hotmail.com

    www.hornillas.com

     

    Tucan Arenal : barrage du lac Arenal, La Fortuna. 

    Téléphone : 8393-9411, 8471-9595. 

    info@tucanarenal.com

    www.tucanarenal.com 

     

    Parc National Santa Rosa : site Patrimoine naturel de l'Humanité.

    Fait partie du SINAC (sistema nacional de áreas de conservación).  

    A 35 kms au Nord de Liberia et 24 kms au Sud de La Cruz. En roulant sur l'Interaméricaine, en direction du Nicaragua, l'entrée se trouve à gauche. 

    Horaires du Musée : 8h-11h30 et 13h-16h. 

    Horaires du Parc National : 8h-16h. 

    Services : cafeteria et hébergement (sur réservation), aire de camping, téléphone public (avec cartes Colibri et internationales). 

    Téléphone et fax : (506) 2666-5051. 

    ecoturismo@acguanacaste.ac.cr

    http://www.acguanacaste.ac.cr 


     


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